Florent Méreau se définit comme un avocat engagé. Du CNB à la CNBF en passant par le SAF, auquel il a adhéré dès ses premières années d’exercice, le bâtonnier souhaite aujourd’hui mettre ses expériences et sa combativité au service de son barreau.
Physiquement, Florent Méreau ne peut le nier : il est bien le fils de son père, le journaliste lillois Jean-Yves Méreau. Mais la ressemblance s’arrête là ; désireux de tracer sa propre voie dans une famille de médecins, d’ingénieurs et de journalistes, c’est en faculté de droit qu’il s’épanouit. Après un DEA contrat des affaires, ce pur « produit lillois » décroche ainsi son CAPA en 1998 et prête serment dans la foulée. Débute alors une collaboration de cinq ans au sein du cabinet de l’avocat Henri Bednarski, où il traite essentiellement de dossiers prud’homaux et en droit commercial. En 2004, Florent Méreau s’installe avec la pénaliste Dominique Sapin, décédée en 2012. Une association qui se forme dans les couloirs du JAF, et qui donne lieu à une SELARL toujours basée boulevard de la Liberté à Lille.
En voie de disparition. En 2010, Florent Méreau décide d’associer sa collaboratrice de l’époque, Amélie Machez. Leur cabinet, qui compte actuellement quatre avocats et deux juristes, revendique le fait d’être généraliste dans l’hyperspécialisation ambiante. « Nous sommes une espèce en voie de disparition » sourit Florent Méreau, dont l’activité est avant tout tournée vers le droit commercial et civil, le droit de la famille et le droit du travail. « Je fais également un peu de fonds de commerce et de saisies immobilières pour les acheteurs », complète l’avocat de 53 ans. « Être généraliste demande une véritable gymnastique intellectuelle. Même si le fait d’être touche-à-tout est parfois un peu compliqué à vendre aux clients, c’est très agréable de pouvoir leur offrir une palette d’activité très large. » L’actuel bâtonnier s’est également formé au droit collaboratif, et voit dans les modes amiables de résolution des différends une alternative nécessaire à l’activité judiciaire. « Même si les gens auront toujours besoin de justice, j’estime que nous n’avons pas le choix », affirme-t-il. « En termes de marché comme en matière sociale, les avocats ne peuvent plus se permettre d’ignorer les MARD. » Et ce d’autant plus à l’heure où, à Lille, les délais pour une date d’audience ne cessent de s’allonger, notamment en matière de divorce. « Au 13 juillet 2023 par exemple, les délais pour une audience d’orientation et sur mesures provisoires (AOMP) à Lille étaient de sept mois », illustre l’avocat. « Cela est dû à la fois à un manque d’effectifs et de moyens financiers. Les plus petites juridictions, elles, parviennent mieux à faire face au flux. »
D’un mandat à l’autre. Au moment où il prend les rênes du barreau de Lille, Florent Méreau se fixe donc comme objectif de redynamiser la commission MARD. « Je mets un point d’honneur à expliquer à mes confrères les différentes évolutions et opportunités offertes par leur profession » glisse celui qui, dès le début de son activité, avait adhéré au Syndicat des avocats de France (SAF) avant d’enchaîner plusieurs mandats au conseil de l’ordre. Une implication qui lui ouvre également les portes du Conseil national des barreaux (CNB) pour deux mandats – en 2015 au sein de la commission formation puis en 2018 en tant que président de la commission d’admission des avocats étrangers –, ainsi que de la Caisse nationale des barreaux français (CNBF) pour trois mandats. Fort de ces expériences, il prend en janvier 2023 la tête du barreau lillois, qui compte près de 1 300 avocats.
Trois axes pour le bâtonnat. Outre une attention toute particulière portée aux bonnes relations avec les juridictions, le bâtonnier inscrit son mandat actuel autour de trois axes principaux. Le premier : l’amélioration de la communication auprès des confrères. « Nous avons notamment renforcé le pôle communication, ce qui nous a permis d’être un peu plus présents sur les réseaux sociaux », indique Florent Méreau. « L’idée est que les avocats lillois se rendent compte qu’il se passe des choses à l’ordre. » Autre priorité : la défense des droits et des libertés, passant notamment par une vigilance de tous les instants face aux nouvelles lois ainsi que par la visite des lieux de privation de liberté. « En janvier, nous avons également organisé pour la première fois à Lille la journée de l’avocat en danger, avec l’appui du CNB », ajoute l’avocat. « Nous allons également célébrer prochainement les 10 ans de la loi Hospitalisation sous contrainte, là encore aux côtés du CNB, car le barreau de Lille est l’un des premiers à avoir créé des commissions spécialisantes, notamment sur ce sujet. » Enfin, Florent Méreau tient à rappeler aux entreprises lilloises qu’il existe dans leur ville toutes les compétences en droit des affaires dont elles ont besoin, et à rapprocher de l’ordre les avocats d’affaires locaux via l’organisation de débats ou de manifestations sportives. En août dernier, les estivales de la formation se sont d’ailleurs tenues à la Cité des Entreprises. Et le bâtonnier de rappeler: « Je suis certes un avocat engagé mais je suis aussi au service de tous les confrères ».
Chloé Enkaoua
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